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Évangile

La Parole de Dieu : liberté et joie | Evangile du 26 janvier

By 22 janvier, 2025janvier 28th, 2025No Comments


Evangile selon Saint Luc 1,1-4;4,14-21:

Plusieurs ayant entrepris de composer un récit des événements qui se sont accomplis parmi nous, suivant ce que nous ont transmis ceux qui ont été des témoins oculaires dès le commencement et sont devenus des ministres de la parole, il m’a aussi semblé bon, après avoir fait des recherches exactes sur toutes ces choses depuis leur origine, de te les exposer par écrit d’une manière suivie, excellent Théophile, afin que tu reconnaisses la certitude des enseignements que tu as reçus.
Jésus, revêtu de la puissance de l’Esprit, retourna en Galilée, et sa renommée se répandit dans tout le pays d’alentour. Il enseignait dans les synagogues, et il était glorifié par tous. Il se rendit à Nazareth, où il avait été élevé, et, selon sa coutume, il entra dans la synagogue le jour du sabbat. Il se leva pour faire la lecture, et on lui remit le livre du prophète Ésaïe. L’ayant déroulé, il trouva l’endroit où il était écrit: «L’Esprit du Seigneur est sur moi, Parce qu’il m’a oint pour annoncer une bonne nouvelle aux pauvres; Il m’a envoyé pour guérir ceux qui ont le coeur brisé, pour proclamer aux captifs la délivrance, et aux aveugles le recouvrement de la vue, pour renvoyer libres les opprimés, pour publier une année de grâce du Seigneur». Ensuite, il roula le livre, le remit au serviteur, et s’assit. Tous ceux qui se trouvaient dans la synagogue avaient les regards fixés sur lui. Alors il commença à leur dire: «Aujourd’hui cette parole de l’Écriture, que vous venez d’entendre, est accomplie».

La Parole de Dieu : liberté et joie

Luis CASASUS Président des Missionnaires Idente

Rome, 26 janvier 2025 | IIIe dimanche du Temps Ordinaire.

Ne 8, 2-4a.5-6.8-10; 1Cor 12, 12-30 ; Lc 1, 1-4;4,14-21

Faisons un effort d’imagination et tenons-nous sur la place de la Porte des Eaux, où se déroule la Première lecture. Bien que le peuple d’Israël soit très religieux et qu’il soit reconnaissant à Yahvé de l’avoir sorti de l’esclavage à Babylone, les difficultés sont désormais internes : corruption, violence, toutes sortes de coutumes vicieuses, abus des faibles….

Le peuple rassemblé sur la place verse des larmes de repentance et est ensuite invité à célébrer dans la joie, ayant réalisé que l’Eternel était toujours de leur côté malgré leur infidélité à l’Alliance conclue avec Lui.

Même si notre culture actuelle et notre contexte historique sont très différentes, l’effet de la Parole de Dieu est similaire : non seulement informative, mais transformatrice, lorsqu’elle tombe sur un terrain accueillant. Une simple preuve suffit : ce que l’Ancien Testament annonçait, nous le voyons réalisé dans le Christ, de sorte que nous comprenons que Dieu le Père a bel et bien un plan de salut.

De plus, Jésus lui-même conclut en lisant le prophète Isaïe et en disant que cette Écriture, que vous venez d’entendre, s’est accomplie aujourd’hui. C’était incroyable. Après des siècles de prophéties, il déclare que c’est en Lui en qui tout ce qui a été annoncé se réalise. C’est pourquoi il a dû commencer par faire des prodiges, comme rendre la vue aux aveugles ou chasser les démons, pour que les gens le croient et ne le prennent pas pour un fou.

On raconte l’histoire d’un champion du monde de boxe dans les années 1970, un homme qui n’a jamais été connu pour son humilité. Au cours d’un vol d’avion, le temps se gâte. Le pilote signale une « zone de turbulences » et ordonne aux passagers d’attacher leur ceinture, ce que tout le monde fait, sauf le champion de boxe.

L’hôtesse de l’air le remarque et demande au boxeur de se conformer à l’ordre du pilote. La réponse fut la suivante : Superman n’a pas besoin de ceinture de sécurité. L’hôtesse n’a pas perdu une seconde et a répondu : Superman n’a pas besoin d’avion non plus.

Ce boxeur a fait une déclaration présomptueuse et était extrêmement arrogant. Jésus a fait une déclaration audacieuse, mais il ne faisait qu’affirmer sa véritable identité et ce qu’il avait reçu du Père comme mission.

Comme nous le voyons dans la première lecture, l’accueil de la Parole de Dieu exige un recueillement, une réflexion, une véritable liturgie qui diffère selon que nous la lisons personnellement ou en communauté. Dans tous les cas, chacun de nous doit réfléchir à la manière concrète dont chaque page de la vie du Christ doit se manifester dans notre vie.

On raconte que l’homme qui a arrêté l’apôtre Jacques s’est converti après avoir entendu Jacques parler lors de son procès devant Hérode Agrippa et qu’il a été exécuté avec lui. La parole, associée au témoignage, l’a immédiatement transporté dans le Royaume des Cieux.

Il n’est pas étonnant que nous appelions le Christ le Verbe fait chair. Benoît XVI l’a clairement exprimé dans son exhortation apostolique Verbum Domini :

Il est important que toute forme de proclamation garde à l’esprit, avant tout, la relation intrinsèque entre la communication de la Parole de Dieu et le témoignage chrétien. La crédibilité même de notre proclamation en dépend. D’une part, la Parole doit communiquer tout ce que le Seigneur lui-même nous a dit, d’autre part, il est indispensable, par le témoignage, de la rendre crédible, afin qu’elle n’apparaisse pas seulement comme une belle philosophie ou une utopie, mais comme une réalité qui peut être vécue et qui donne vie en elle-même.

Pour souligner l’importance de la Parole de Dieu, le pape François a déclaré en 2019 le troisième dimanche du temps ordinaire fête de la Parole de Dieu, rappelant lui-même l’année dernière, à l’occasion de cette fête, comment les premiers disciples ont été touchés par la parole qu’ils ont entendue de Jésus, avant de voir les miracles qu’il accomplirait par la suite :

Si vous demeurez dans ma parole, vous êtes vraiment mes disciples et vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libres (Jn 8, 31-32).

—ooOoo—

La deuxième lecture nous donne une perspective intéressante sur la valeur de la Parole. Les trois premiers dons de la liste mentionnée par Saint Paul se réfèrent au statut d’apôtre, de prophète et d’enseignant. Ce n’est pas une coïncidence si ces trois dons sont liés à la proclamation de la Parole. Il ne s’agit pas de « différentes classes de chrétiens », même si Paul suggère que tout le monde ne possède pas la totalité des dons.

C’est précisément pour cela que nous devons aspirer à être apôtres, prophètes et rois, en nous rappelant que Jésus lui-même nous dit que le Royaume de Dieu appartient à ceux qui sont comme des enfants, et c’est pourquoi nous pouvons et devons apprendre d’eux à avoir des sentiments purs, à être incapables de vivre une double vie et d’avoir des intentions cachées.

C’est peut-être pour cela que saint Luc commence son évangile d’aujourd’hui en déclarant qu’il a essayé d’apprendre de ceux qui sont des serviteurs de la Parole, non pas des experts en textes sacrés, mais de ceux qui ont consacré leur vie à témoigner de ce qu’ils ont vu et entendu, une belle définition de ce que signifie être un serviteur de la Parole.

Luc déclare que d’autres avant lui ont essayé de raconter les choses qui se sont passées parmi les croyants, mais il nous donne une leçon de zèle apostolique et de dévouement à la Parole en commençant son récit de la vie publique de Jésus par cet épisode de la vie du Maître, que Matthieu et Marc placeront plus loin dans leur récit. Pour Luc, la fidélité du Christ à la Parole écrite, à ce qui a été annoncé par les prophètes, est d’une importance singulière.

De même, en nous sentant d’humbles protagonistes des plans divins, nous pouvons être remplis d’espérance, de patience et de joie face aux difficultés, en reconnaissant que nous suivons le chemin toujours rêvé par notre Père céleste, même si parfois nos yeux s’obscurcissent et que la route devient ardue et difficile.

Notre père Fondateur, lorsqu’il nous parle du Vœu de Cathedra, de la disposition permanente à consacrer notre intelligence et nos études au service de l’apostolat, indique l’intention ultime qui doit présider à notre travail de défense, de développement et de réflexion dans n’importe quel domaine de la pensée : montrer que dans la Parole du Christ se trouve la plénitude de la connaissance :

« J’essaie de fonder toutes mes actions, toutes mes conférences, mon activité intellectuelle, ma communication avec mon prochain, sur l’Évangile, en tenant compte, en même temps, de la corroboration du Magistère » (Dialogue à Trois Voix).

—ooOoo—

La libération dont Jésus nous parle aujourd’hui, comme message initial de sa vie publique, n’est pas la rupture des chaînes qui nous lient à un pouvoir politique ou à certaines personnes dans une intention de domination. Il ne se réfère pas non plus aux infirmités corporelles, dont certaines, il est vrai, ont été parfois guéries par lui. Sa préoccupation, sa véritable affliction, est causée par tout ce qui nous sépare du Royaume des Cieux, ce qui nous asservit, ce qui empêche l’Inspiration de nous emmener toujours plus loin. Les exigences du monde, du diable et de la chair, les trois ennemis de la Parole.

Le Christ l’a expliqué avec force dans sa Parabole du Semeur.

Les ronces sont les soucis du monde, moraux ou immoraux, nécessaires ou superflus, mais capables d’absorber toute notre énergie.

Le diable est représenté par des oiseaux d’apparence innocente, séduisante même, que l’on pourrait bien résumer par le mot captivant, car il nous piège dans ce que nous jugeons nécessaire et qui devient indispensable. De cette manière, notre sensibilité spirituelle se dégrade. Le pape François nous a mis en garde à plusieurs reprises, affirmant que, pour de nombreuses raisons, l’homme d’aujourd’hui est enchaîné par l’indifférence.

La chair ressemble à un sol pierreux, où la persévérance devient impossible, à cause de la peur de l’abnégation, de toute forme d’offrande de sa vie et de sa réputation. L’instinct de bonheur, à la tête de tous les autres instincts.

Beaucoup d’entre nous peuvent considérer que le terme d’Église militante, utilisé par le Concile de Trente pour désigner ceux qui sont encore des pèlerins sur terre, est quelque peu inexact et ne convient pas au langage moderne. Mais un saint fidèle et intelligent comme saint Jérôme a dit que « Dieu nous a mis ici pour la lutte, afin que nous luttions toujours. Par conséquent, ce lieu, cette vallée de larmes, n’est pas un lieu de paix, ce n’est pas un lieu de sécurité, mais un lieu de lutte et de guerre ».

Il nous appartient aujourd’hui d’ouvrir les yeux et les oreilles de l’âme pour choisir sans hésitation ce que la Parole nous suggère avec douceur plutôt que la tyrannie du monde, du diable et de la chair.

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Dans les Sacrés Cœurs de Jésus, Marie et Joseph,

Luis CASASUS

Président